Résumé
De nos jours, les petits véhicules prennent plutôt la forme de multisegments urbains. Nous en avons déniché deux très compétitifs qui pourraient bien remplacer votre vétuste voiture compacte.

Par Vincent Aubé (rédacteur) et Daniel Rufiange (conducteur)

Il n’y a pas si longtemps, cette dernière occupait une place de choix dans le cœur des automobilistes canadiens, mais avec la prolifération de la manne utilitaire, le format de l’automobile en 2025 ressemble de plus en plus à celui d’un VUS ou d’un multisegment. 

Et puisque le prix des véhicules neufs a explosé ces dernières années, il faut désormais se tourner vers ces options aux dimensions réduites pour respecter le budget alloué à la voiture familiale. Heureusement, la presque totalité de ces multisegments de taille sous-compacte voit leur volume intérieur rivaliser avantageusement avec celui que procure une berline de taille compacte. Les très petits utilitaires (Hyundai Venue, Nissan Kicks Play) sont toujours pertinents, mais ils n’offrent pas ce format plus polyvalent.   

Pour ce match à saveur printanière, nous avons réuni deux véhicules arrivés sur le tard dans cette catégorie des petits utilitaires. C’est très vrai pour le Volkswagen Taos, lancé au Canada pour l’année modèle 2022, mais un peu moins pour le Honda HR-V, parachuté par son constructeur en 2016, mais qui a fait l’objet d’une transformation plus radicale à l’été 2022 (en tant que modèle 2023). Précisons également que le Taos est révisé en 2025, le modèle qui profite de quelques améliorations.

L’utilitaire nippon est passé d’une plateforme empruntée à la défunte sous-compacte Fit à la même architecture que pour la compacte Civic. Voilà pourquoi les proportions du HR-V ont complètement changé entre les deux générations du modèle. Quant au Taos, il repose sur le même squelette que bon nombre de véhicules de la marque, celui également connu sous l’appellation MQB, bref le même que pour la berline Jetta. Autrement dit, nous nous retrouvons avec deux véhicules qui, à une autre époque, auraient probablement porté le nom de Honda Civic familiale ou de Volkswagen Golf Sportwagen. Peu importe leur nomenclature, ces deux utilitaires illustrent assez bien les besoins d’une famille « 2 +2 » en 2025. Nous les avons comparés, l’instant d’une journée, afin de voir lequel sortait du lot.

Pour déterminer le gagnant de ce duel, nous avons décidé d’octroyer un point par catégorie pour le meilleur des deux et zéro à celui jugé inférieur. Quand c’est trop serré, chaque véhicule reçoit un demi-point.

Design, intérêt du public et valeur de revente : Avantage Taos

Avec sa nouvelle allure et cette couleur Vert Serrano métallisé, le Volkswagen Taos est difficile à manquer dans la circulation lourde. Notons aussi la présence de jantes d’un diamètre de 19 pouces, un détail qui explique en partie cette sensation de sportivité. Malheureusement, pour avoir droit à cette carrosserie éclatante et à ces roues Portland, il faut débourser 1000 $ supplémentaires, 500 $ pour la couleur et 500 $ pour les sabots.

De son côté, le Honda HR-V, malgré ses jantes de 17 pouces seulement, compose mieux avec l’asphalte usé par les longs mois d’hiver. Et même s’il est vrai que le Volkswagen se montre plus « connecté », ça ne déclasse pas son rival japonais pour autant au chapitre de la conduite. Pour l’attrait en matière de design, le Taos redessiné en fait plus pour attirer l’œil, avec son éclairage extérieur plus poussé que celui du Honda HR-V, et une silhouette plus affutée. À ce petit jeu des comparaisons, ça demeure une question de goût.

Là où l’utilitaire allemand perd quelques points, c’est avec sa valeur de revente. La réputation des produits Honda en matière de durabilité n’est plus à faire et à long terme, le HR-V a de meilleures chances de rapporter une somme plus importante lorsque sera venu le temps de changer de véhicule.

 

Atmosphérique ou turbocompressée, CVT ou automatique ? : Match nul

Sous le capot du Honda HR-V, le moteur 4-cylindres atmosphérique de 2,0 litres de cylindrée offre une puissance acceptable de 158 chevaux et un couple de 138 lb-pi. Le modèle est disponible en version à deux roues motrices, mais la variante à rouage intégral est plus intéressante pour ceux et celles qui craignent les tempêtes hivernales canadiennes.

L’unique boîte de vitesses offerte est une unité à variation continue (CVT) qui prêche encore par son élasticité. En revanche, cette obstination à toujours garder le régime moteur à un stade économique porte ses fruits lorsque vient le temps de ravitailler le véhicule. Nous nous devons également de mentionner que cette mécanique risque d’être très fiable à long terme, un qualificatif qui ne s’applique pas aussi bien à l’organe du rival allemand. Jusqu’ici, le petit 4-cylindres turbo de 1,5 litre n’affiche pas un dossier de fiabilité aussi vierge que celui du Honda. 

Malgré cette interrogation au chapitre de la motorisation, le moulin turbocompressé du Taos se montre plus énergique en 2025. En effet, la puissance passe à 174 chevaux (contre 158 l’an dernier), tandis que le couple optimal demeure au beau fixe à 184 lb-pi. Qui plus est, mon collègue et moi avons réellement l’impression que le constructeur a écouté sa clientèle dans ce cas-ci en intégrant la boîte automatique à huit rapports à toutes les versions du véhicule. L’ancienne boîte à double embrayage et à sept rapports (jadis réservée aux livrées à rouage intégral) a donc été reléguée aux oubliettes.

Et même si l’unité automatique démontre moins de sportivité que l’ancienne boîte à double embrayage, ça n’affecte pas tellement le rendement du Taos qui, même s’il n’a rien de celui d’une Golf GTI, se veut plus engageant que celui de son opposant nippon.

Consommation de carburant : Avantage Honda

À ce chapitre, le Honda HR-V s’est montré beaucoup plus exemplaire que le Volkswagen Taos. Après notre conduite composée d’autoroutes, de boulevards, et même de sections urbaines, l’ordinateur de bord du Honda affichait une moyenne de 7,2 L/100 km, tandis celui du Taos était à 9,2 L/100 km. Pourtant, selon RnC (Ressources naturelles Canada), c’est le Taos qui enregistre le meilleur résultat (8,4 L/100 km contre 8,7 L/100 km). Et c’est le même constat pour les variantes à deux roues motrices, le HR-V qui arrive à une moyenne de 8,3 L/100 km, un résultat plus élevé que les 7,6 L/100 km du Taos.

Agrément de conduite : Avantage Volkswagen

De nos jours, l’agrément de conduite est souvent balayé sous le tapis des critères de second ordre. La fiabilité, la valeur de revente, le confort et la consommation de carburant sont plus importants aux yeux des consommateurs, avec raison d’ailleurs. Mais, puisqu’il faut déterminer un gagnant, le Volkswagen Taos se positionne comme le plus amusant à conduire. Sa direction est plus précise, les « à-coups » de la boîte de vitesses automatique sont authentiques et la suspension paraît plus sèche avec les jantes surdimensionnées. Et, même si les modes de conduite ne changent pas dramatiquement le comportement des deux, ceux que propose le Taos sont plus évidents.

Mais, n’oublions surtout pas la nature plus familiale de ces deux utilitaires urbains qui doivent avant tout trimballer la petite famille et tout son matériel. Avec sa boîte de vitesses à variation continue, le Honda HR-V fait chanter haut et fort sa mécanique lorsque son conducteur en redemande, mais en conduite normale, le multisegment nippon nous est apparu comme le plus doux.

Ironiquement, les qualités sportives du Volkswagen sont intégrées à bord d’un véhicule qui propose une position de conduite plus similaire à celle d’un VUS traditionnel. En revanche, celle du Honda nous rappelle vraiment la conduite d’une voiture compacte familiale, et pourtant, nous avons préféré l’autre malgré son châssis rigide à souhait.

Sécurité et aides à la conduite : Avantage Honda

Nos deux versions hyper bien équipées ne sont pas chiches sur l’équipement de sécurité. En fait, chez Honda, ce n’est pas compliqué : toutes les variantes du HR-V sortent de l’usine avec tout l’arsenal de sécurité offert pour ce modèle, à l’exception de notre livrée EX-L Navi qui s’accompagne en prime du système de contrôle de freinage à basse vitesse.

Le Taos Highline, emprunté pour cet essai, était également bien nanti à ce chapitre, mais pour ceux et celles qui viseront les livrées moins onéreuses, il faudra faire des choix. Si la déclinaison de niveau intermédiaire Comfortline ne se prive pas trop, la Trendline (entrée de gamme) ne profite pas de certains luxes comme les phares à DEL, le système antivol avec antidémarrage, le dispositif antirecul avec aide à la descente, les phares automatiques, ainsi que l’affichage des panneaux routiers. Ce ne sont pas des oublis catastrophiques, mais bon, nous préférons le mentionner.

Système multimédia et ergonomie : Avantage Honda

Avec le rehaussement de l’écran tactile à bord du Taos pour 2025, le jeu des comparaisons est plus serré que jamais. On peut remercier le constructeur allemand de ne pas être tombé dans le tourbillon des touches haptiques, comme c’est le cas avec d’autres modèles de la marque. Le Taos se contente du vieux système avec deux molettes traditionnelles pour le volume de la chaîne audio et la sélection des postes de radio, ainsi que quelques boutons-raccourcis sous forme tactile.

Plus bas, le contrôle de la climatisation s’effectue toutefois via une surface haptique et son maniement est relativement facile. En face, les molettes traditionnelles du Honda se positionnent comme une solution tellement plus intuitive à gérer dans le trafic urbain.

Volume de rangement et espaces de chargement : Avantage Volkswagen

Les consommateurs qui se tournent vers ces utilitaires de poche ne le font pas nécessairement pour leur immense coffre, mais il est tout de même intéressant de savoir que les deux proposent passablement plus de volume de chargement qu’une simple berline compacte.

Le Volkswagen Taos avec ses 705 L de volume (790 L sur la variante à traction, puisqu’il n’y a pas de différentiel à cet endroit) fait quand même mieux que la berline Jetta et son coffre de 399 L. Le multisegment Honda est tout juste dépassé par son concurrent européen, le coffre du HR-V qui offre 691 L. Lorsque la banquette est repliée, le volume passe à 1559 L pour le Honda et 1705 L pour le Volkswagen.

C’est presque un match nul, donc, mais nous ne pouvons nous empêcher de songer à la première génération du Honda HR-V qui profitait de la présence de cette banquette magique à la deuxième rangée. Celle-ci pouvait replier son assise vers le haut, conférant énormément d’espace à la deuxième rangée, tandis qu’il était possible également de complètement replier la banquette dans le plancher pour se retrouver avec un impressionnant volume de chargement. Le « vieux » HR-V proposait 657 L et 1583 L (banquette repliée) en volume de chargement, et ce, sur une plateforme de voiture sous-compacte résolument plus étroite que celle de la Civic

Le verdict

Notre match se solde par un pointage de 4 à 3 pour le Honda. Le HR-V 2025 EX-L remporte ce match parce qu’il est économe à la pompe, plus confortable que son rival d’un jour et qu’il risque de rapporter plus lors de sa revente. Le multisegment nippon a été qualifié de gris par mon collègue, un signe qui place le Taos devant en ce qui a trait à l’agrément de conduite. Nous jugeons également que le HR-V est très cher pour un véhicule qui n’a même pas de buses de ventilation à la deuxième rangée.

Cette victoire à l’arraché ne déclasse pas nécessairement le Taos, lui qui saura plaire aux automobilistes qui accordent un peu plus d’importance au plaisir de conduire. Le multisegment de Wolfsburg est un brin plus volumineux et plus nerveux, mais un doute demeure quant à la fiabilité de ce bloc 4-cylindres turbo.

Honda HR-V EX-L 2025 : 4 points

Volkswagen Taos Highline 2025 : 3 points

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