Essai routier : Mazda6 2018
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Même si, de nos jours, certains constructeurs abandonnent carrément les traditionnelles voitures en misant sur les véhicules utilitaires, d’autres joueurs de l’industrie refusent d’abdiquer comme Mazda avec sa berline intermédiaire. La Mazda6 est d’ailleurs légèrement révisée en 2018, ce qui nous a poussés à reprendre son volant pour voir comment se portait cette livrée améliorée.
Depuis son arrivée sous cette forme en 2013 (en tant que modèle 2014), la représentante de Mazda dans le créneau des berlines a laissé sa marque en Amérique du Nord pour son tempérament un peu plus sportif que la moyenne, un commentaire qui s’applique de toute manière à l’ensemble de la gamme Mazda.
L’ennui, c’est que la Mazda6 doit se battre avec des ténors comme la Toyota Camry, la Honda Accord ou même la Nissan Altima (le retrait planifié de la Ford Fusion l’an prochain devrait aider la cause des autres) et l’acheteur moyen de berlines intermédiaires cherche souvent une valeur sûre confortable au possible, deux éléments maîtrisés à la perfection par les trois divisions nippones énumérées ci-dessus. C’est ce qui explique en partie pourquoi les ventes de la Mazda6 diminuent progressivement – à l’exception de l’année 2017 où la 6 a enregistré un gain au Canada. Sans surprise, l’autre partie de l’explication est due à cet exode des consommateurs vers les VUS.
Pourtant, Mazda persiste et signe en ramenant sa berline intermédiaire avec quelques améliorations qui, malheureusement, ne risquent pas de renverser la vapeur. Une berline en 2018, ce n’est plus très tendance!
Les nouveautés de 2018
Il faut être observateur pour déceler les nouveautés de cette Mazda6 2018, la voiture ayant fait son apparition sur nos routes plus tôt ce printemps. La silhouette est reconduite, sans surprise d’ailleurs puisque la 6 n’a pas pris une seule ride en cinq ans. Comme c’est souvent le cas avec les refontes de mi-parcours, c’est aux extrémités qu’il faut regarder pour distinguer la nouvelle de l’ancienne.
Ainsi, le grillage du bouclier adopte une finition chromée, celle-ci reposant sur une bande qui se prolonge jusque dans les blocs optiques qui ont également changé de forme pour 2018. La nouvelle découpe du pare-chocs avant s’occupe, quant à elle, d’acheminer de l’air frais aux arches de roues, pour refroidir les freins bien entendu.
Depuis quelques années, Mazda essaye petit à petit de séduire une clientèle plus exigeante en augmentant la qualité de finition à bord de ses véhicules. Et ceci commence par de petits détails comme la portion inférieure du pare-chocs arrière désormais agencée à la couleur de la carrosserie. Qui dit refonte dit aussi feux de position redessinés, même s’il faut l’avouer, le changement est subtil. Les plus observateurs auront peut-être déjà remarqué les pots d’échappement plus gros pour 2018. Quant au design des jantes, il a lui aussi changé pour 2018. Dans ce cas-ci, cette livrée GS-L était munie de sabots de 17 pouces, contrairement aux superbes jantes de 19 pouces du modèle Signature.
Si Mazda rehausse également son jeu à bord de la 6, c’est réellement sous le capot que la Mazda6 gagne du muscle. En effet, les ingénieurs ont boulonné le 4-cylindres turbo 2,5-litres déjà utilisé dans le CX-9. Ce dernier donne à la berline une puissance beaucoup plus intéressante avec 250 chevaux lorsque la voiture est abreuvée en essence super et 227 ch avec de l’essence ordinaire. Mieux encore, le couple optimal de cette mécanique est de 310 lb-pi, celui-ci étant disponible à partir de 2000 tr/min.
Cet ajout sous le capot permet au moins à la berline Mazda de suivre la parade imposée par les autres voitures de la catégorie. Là où le constructeur se doit de revoir sa stratégie, c’est au niveau de la boîte de vitesses qui, dans ce cas-ci, ne compte que six rapports. Non pas que cette unité automatique soit désagréable à l’usage, mais face à la Toyota Camry (avec une boîte automatique à huit rapports) et la Honda Accord (avec une boîte automatique à 10 rapports), la représentante de Mazda est quelque peu en retrait.
Au volant
Heureusement, ce détail technologique n’affecte en rien l’agrément de conduite que préconise Mazda. La plus récente génération de la berline a d’ailleurs remis les pendules à l’heure à ce niveau, car le modèle antérieur – avant 2013 – s’était embourgeoisé sous l’alliance avec Ford.
Pour 2018, la Mazda6 a droit à un châssis plus rigide, un élément qui ne posait déjà pas problème depuis 2014. La direction, nous dit-on, serait également plus précise, et après une semaine derrière le volant, je peux au moins affirmer que la 6 n’a pas perdu de sa superbe en matière de tenue de route. La suspension est assez ferme pour aborder des virages à des vitesses étonnantes… pour une berline populaire du moins! Le freinage, quant à lui, est assez mordant pour rassurer les passagers ou même le conducteur.
Évidemment, l’addition de puissance se fait sentir sous le pied droit, même qu’en désactivant le contrôle de traction, il est possible de faire patiner les pneus sans trop d’effort. La boîte automatique ne compte que six rapports, mais il faut l’avouer, elle travaille merveilleusement bien avec le 4-cylindres. À l’aide des palettes montées au volant, on peut même s’amuser passablement sur un tracé sinueux.
Heureusement, la Mazda6 redevient silencieuse et confortable lorsque le conducteur en a envie. Mazda n’offre pas encore de mode ECO à bord de ses véhicules pour économiser un maximum de carburant à la pompe, mais en revanche, lorsque le mode SPORT n’est pas sélectionné, la berline nipponne n’est plus aussi incisive.
La GS-L avec turbo, une bonne affaire?
À un prix de 33 600 $, la Mazda6 GS-L équipée du moteur turbo constitue la livrée la plus abordable pour profiter du nouveau moulin sous le capot. D’ailleurs, à ce prix, la 6 se veut aussi alléchante que la Honda Accord Sport qui profite aussi d’une mécanique turbocompressée de 252 chevaux.
Les deux modèles supérieurs – GT (35 800 $) et Signature (38 800 $) – offrent plus d’équipement à bord ainsi que des matériaux de meilleure facture, mais la GS-L n’est pas dépourvue pour autant. À ce petit jeu, il vaut mieux essayer la voiture et se fixer un objectif pour ne pas cocher des options coûteuses qui pourraient s’avérer inutiles à long terme.
Le mot de la fin
Lorsqu’un constructeur prend la peine d’ajuster le tir comme Mazda vient de le faire avec sa berline intermédiaire, c’est le consommateur qui en ressort gagnant en fin de compte. La nouvelle mécanique turbo ajoute un zeste d’adrénaline à une berline qui était déjà considérée comme l’une des meilleures de son segment, mais les faibles ventes de la Mazda6 et le virage utilitaire de l’industrie au grand complet sont deux indicatifs que les jours de cette excellente voiture sont comptés… à moins d’un revirement de situation!