Subaru Forester Sport 2021 : essai routier
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Vous avez sûrement tous vu cette pub télé où une petite famille s’installe en bord de rivière pour une sortie en canot, dans lequel seul à bord pitou part à la dérive? Ce petit film est si sympathique qu’on en oublie quelque peu l’objectif principal, soit de vous « vendre » le Subaru Forester Sport 2021, notre sujet de la semaine. Pas de canot pour votre auteur – ni de chien – mais le Forester nous a suivi partout dans notre quotidien et nous a aussi conduit à la montagne pour une randonnée en forêt. Et même si aucun enfant n’est parti à la dérive dans les bois, on a finalement compris l’esprit de cette fameuse publicité. Les explications suivent…
Design : 7/10
Quand on pense « chien », notre cerveau va nous projeter l’image d’un classique labrador blond, un canidé que tout le monde connaît et dont l’image traverse toutes les époques. Le Forester, c’est un peu ça aussi! Maintenant à sa cinquième génération, son dévoilement au Salon de l’auto de New York remonte à mars 2018, sans compter que les trois générations les plus récentes du VUS compact de Subaru se ressemblent drôlement. Tellement en fait que ma progéniture lui trouve un style très années 2 000 – Ouille!
Ce n’est pas qu’il est moche, au contraire. Surtout dans sa livrée Sport, avec accents noirs ou orange, le « Fozzie » comme le surnomment les anglophones, semble sorti d’un catalogue de magasin de plein air. La frimousse, les grilles, les appliques et ces angles allant un peu partout rappellent l’école de style dite de « l’excitation japonaise des surfaces » qui était courante dans les années 70. On lui ajoute un côté randonneur avec sa garde au sol élevée et le plastique noir qui recouvre toute la partie inférieure de la carrosserie.
Même à l’intérieur, le catalogue nous suit et les petites étiquettes « Sport » cousues sur les portières rappellent celles des vêtements de sentier. L’écran tactile qui trône sur la planche de bord semble quasi rétro dans son graphisme, alors que les angles et les nombreux matériaux rappellent les crédos asiatiques d’il y a plusieurs années. Reste qu’une botte de randonnée, ça ne sort pas de chez Dior et ça traverse les modes. Le Forester ne loge pas aux modes du moment et ses fans le trouvent très bien ainsi.
Puissance : 7/10
Qui dit Subaru dit moteur à plat. On retrouve évidemment sous le capot du Forester un moteur 4-cylindres à plat, avec deux rangs de deux cylindres se faisant face, une architecture qui remonte à la nuit des temps – pensez Coccinelle. Comme pour la célèbre « bibitte » allemande, cette architecture mécanique permet d’optimiser les volumes autour du moteur, même si ce dernier est un peu plus complexe, avec notamment deux têtes distinctes.
D’une cylindrée de 2,5-litres, ce « H4 » est le seul moteur offert pour toutes les variantes du Forester et il loge d’ailleurs sous plusieurs capots de la marque. En plus d’être compact, ce moteur est léger grâce à sa construction tout aluminium. Il comporte deux arbres à cames en tête et quatre soupapes par cylindres, livrant 182 chevaux et 176 lb-pi de couple. Vous aurez compris que le Forester n’a rien d’un pitbull avec de tels chiffres, mais ses performances sont dans la moyenne de la catégorie – la randonnée n’a rien d’un sprint!
Tous les Forester sont évidemment dotés de la traction intégrale symétrique à prise constante, emblématique de la marque, en contraste aux systèmes réactifs de la concurrence. Une transmission CVT – la seule offerte – transmet donc la puissance aux quatre roues. Notons que la capacité de remorquage du Forester est de 680 kg (1 500 lb) – il faut passer à l’Outback si l’on souhaite remorquer une tente-roulotte.
Agrément de conduite : 8/10
Le plaisir ne passe pas que par des départs-canons, des reprises à vous plaquer dans le baquet et des points de corde à frôler. Le Forester n’offre rien de ça, surtout sur bitume sec. En fait, sa CVT est même agaçante en ville alors qu’elle fait gronder le moteur aux septuples panneaux d’arrêt. Mais, les gênes de rallye de Subaru affichent bel et bien présents quand ce bitume se dégrade, que les crevasses se multiplient ou que la chaussée passe carrément au gravier. Le Forester est conçu pour nos routes telles qu’elles sont. Sa tenue de cap est excellente, son châssis s’accroche bien aux trajectoires en courbe – n’en déplaise à l’état du pavage – et on réalise que malgré l’approche bas de laine et shorts cargo, on garde un bon rythme sur une route en lacets – merci au centre de gravité bas malgré la garde au sol élevée. Et cette fameuse CVT vous permet même de décrocher le train arrière à souhait sur un chemin de gravier. On s’est presque souhaité de la neige. Presque.
De plus, le fameux moteur à plat autorise une architecture où la ceinture de caisse est basse – les grandes surfaces vitrées sont donc inusitées pour notre époque, et on « place » bien le véhicule tout en ayant une vue imprenable sur tout ce qui nous entoure. On ajoute une direction avec juste ce qu’il faut de fermeté, un rayon de braquage serré et une CVT qui ma foi offre toujours le couple qu’il faut au bon moment et on se retrouve avec un véhicule des plus agréable à fréquenter.
Convivialité : 8,5/10
Nous avons tous des connaissances ou voisins qui ne jurent que par Subaru. Passer une semaine au volant du Forester nous a permis de les comprendre un peu. Contrairement à certains concurrents, le « Fozzie » ne chausse pas inutilement des échasses. L’architecture mécanique permet d’obtenir la garde au sol d’un VUS mais sans élever tout l’habitacle. On se glisse donc dans les sièges baquets à hauteur naturelle, sans monter ni descendre. Une fois à bord, les principales commandes tombent sous la main et on applaudit la présence d’un levier de vitesses conventionnel.
Les passagers arrière remarquent ces portières qui s’ouvrent presque à 90 degrés, facilitant l’accès à bord. Pour tout le monde, le toit rehaussé et les ouvertures bien équarries des portes éliminent les risques de se cogner la tête. Tout à l’arrière, le coffre bénéficie d’un hayon assisté et la hauteur du plancher plat est juste. On y apprécie également les glaces fortement teintées et le couvre-bagages coulissant qui protègent nos achats. Contrairement à plusieurs nouveautés du moment, le Forester ne nécessite pas d’adaptation – on monte à bord et on démarre, sans crainte. Pour être pointilleux, les pictogrammes des modes régissant la traction X-MODE et quelques acronymes sur des boutons de commande – comme « SRH » pour les phares pivotants – ne sont pas intuitifs et il faut potasser le manuel pour bien les comprendre.
Autrement, le Forester est comme une bonne vieille paire de chaussures qu’on enfile sans y penser. Venant de quelqu’un qui change de véhicule chaque semaine, ce n’est pas un mince compliment!
Sécurité : 10/10
Le Forester 2021 obtient la convoitée cote « Top Safety Pick + » de l’Institut des assureurs américains avec notamment des notes parfaites dans tous les essais, même dans l’évaluation des ancrages de sièges pour enfants, ce qui est assez rare! Même chose du côté de la NHTSA où il remporte la cote cinq étoiles suite aux essais de collision et en raison de son contenu de série très étoffé en matière d’aides à la conduite.
Ces derniers sont regroupés sous l’appellation EyeSight, du nom des deux caméras qui encadrent le rétroviseur intérieur. On retrouve donc de série freinage précollision avec assistance, gestion d’accélération précollision, régulateur de vitesse adaptatif, assistance au maintien de voie et alerte de démarrage du véhicule qui précède (pour ne pas « dormir » aux feux verts!). S’ajoutent pour la livrée Sport : freinage automatique en marche arrière et détection des véhicules en approche ou en angles morts. Et rien à redire sur ces systèmes dont l’interaction est bien adaptée et aucunement exagérée. Bref, un vrai Saint-Bernard ce Forester.
Caractéristiques : 8,5/10
Le Forester 2021 se décline en plusieurs versions, débutant avec un modèle de base éponyme, puis en ordre croissant de contenu on retrouve les Commodité, Tourisme, Sport, Limited et Premier. On rappelle que la traction intégrale, la suite EyeSight et la boîte CVT sont livrées de série pour tous les Forester. En l’absence d’options individuelles, chaque livrée constitue un palier accru de contenu. Le Commodité est un surclassement quasi obligatoire qui permet d’obtenir cache-bagages, glaces automatiques et clé intelligente. Le toit ouvrant panoramique s’invite depuis le Tourisme, de même que le hayon à ouverture électrique et le volant chauffant.
C’est à ce point qu’on arrive au modèle Sport d’essai, où s’ajoutent principalement des éléments cosmétiques, mais aussi une banquette arrière à dossiers inclinables (en plus d’être rabattables) et la fonction X-MODE pour la traction intégrale. On y retrouve également un mode de conduite Sport plus affûté que pour le reste de la gamme. Au final on se retrouve dans un véhicule familial dont le contenu n’a pas à rougir face à celui de véhicules plus coûteux. Et le bon vieux lecteur CD s’insère parfaitement dans le style plus « rétroasiatique » de la marque aux étoiles.
Habitabilité : 8/10
En approchant le Forester, il nous semble visuellement plus petit que la concurrence. En fait, ses dimensions extérieures sont quasi-identiques à celles des deux ténors de la catégorie, les CR-V et RAV4. Les lignes en trompe-l’œil font d’autant plus effet lorsqu’on se glisse dans l’habitacle, lumineux, aéré, qui bénéficie de l’architecture à ceinture de caisse basse et toit relevé. Tout y apparaît dégagé et vaste. Les passagers avant pourront revêtir un casque de chantier sans toucher le plafond, et la banquette arrière est généreuse, offrant un excellent dégagement pour les genoux et un plancher bien plat.
Le volume habitable est même supérieur de 8,5 litres à celui de son rival de chez Toyota, qui semble pourtant plus grand, et le coffre bien équarri loge plus que ce RAV4 et domine celui d’un CX-5. En cette période de pandémie, on apprécie le hayon à ouverture et fermeture électrique, pratique pour des achats sans contact. On note la présence d’un plateau souple étanche, offert de série, parfait pour ranger ses articles de plein air souillés après une bonne randonnée.
Confort : 8/10
Notre semaine en Forester en suivait une autre passée à bord d’un VUS Lexus. Et devinez lequel des deux s’est avéré être le plus confortable? Le Subaru! Les fameuses gênes de rallye qu’on attribue au manufacturier nippon ne servent pas que le comportement routier. La souplesse de l’amortissement se joue des pavages ravinés par l’usure des saisons, et un passage sur route de gravier témoigne de tarages bien adaptés au monde réel, malgré les pneus de 18 po de la livrée Sport.
Si la boîte CVT agace en ville, sur la route elle s’adapte à merveille aux conditions du moment. À 100 km/h, le moteur tourne à 1 500 tours et on l’entend à peine. Si l’on pousse à 119 km/h sur terrain plat, le régime grimpe tout juste à 1 700 tours. Le Forester s’avère étonnamment serein pour un baroudeur certifié. On peut lui reprocher les secousses du système arrêt-départ lorsque le moulin redémarre alors qu’on tient toujours les freins – la faute aux trop longs feux rouges de certaines juridictions!
Économie de carburant : 8/10
Notre essai du Forester s’est déroulé dans des températures saisonnières, sans neige et sur pneus toutes saisons. Reste qu’en mode pandémie, nos déplacements se font surtout courts et fréquents, avec une prépondérance de circuits urbains. C’est pourquoi notre moyenne observée de 9,2 L/100 km fut une agréable surprise. Il s’agit ni plus ni moins de la meilleure moyenne que nous avons personnellement obtenue à bord d’un VUS à essence de cette catégorie. De plus, le long trajet de retour depuis les bureaux du manufacturier – essentiellement sur autoroute – a permis d’afficher à l’ordinateur de bord une consommation identique aux 7,2 L/100 km de l’EnerGuide pour ce parcours. Une vraie soif de caniche miniature, et le Forester ne demande que de l’essence ordinaire.
Valeur : 9/10
La gamme Forester s’étire de 28 995 $ pour le modèle éponyme à 40 095 $ pour le Premier. À mi-chemin, le Tourisme (34 395 $) remporte la palme de la valeur en offrant un contenu très concurrentiel à ce prix, surtout lorsqu’on conjugue ce budget aux attributs du Forester en matière de convivialité et de rendu sur la route. Pour 1 400 $ de plus, notre modèle Sport d’essai ajoute des éléments visuels et offre quelques paramètres de plus au rouage intégral pour les amateurs de sentier. Cette offre est difficile à battre, surtout que plusieurs VUS sous-compacts, moins pratiques, se détaillent nettement plus cher!
Conclusion
Comme un labrador blond, le Forester ne gagnera pas un concours de beauté. Il ne battra pas un lévrier à la course. Il ne défendra pas votre propriété contre les intrus. Par contre, il sera votre fidèle compagnon pour bien des années. Le Forester se fait facilitateur du quotidien par sa convivialité, sa motricité et son côté pratique, tout en amusant ou dorlotant son maître, selon le souhait du moment, et sans casser la banque. Voilà donc pourquoi nous avons eu l’impression d’abandonner un membre de la famille quand on a remis les clés…

