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Si vous souhaitez mettre la main sur une version de l’ID.Buzz, soyez prêts à piger dans vos réserves, car Volkswagen ne fait pas de cadeaux.
San Francisco, Californie – Il est rare d’assister au lancement d’un véhicule qui ne s’inscrit pas à l’intérieur d’un segment existant. D’un modèle qui vient redéfinir les normes, qui vient s’imposer comme une nouvelle solution sur le marché
C’est le cas avec l’ID. Buzz de Volkswagen, la première solution tout électrique dans la catégorie des fourgonnettes. Il y a bien la Chrysler Pacifica PHEV, mais comparer les deux, ce serait comme comparer des pommes avec… des tartes au sucre. Rien à voir, enfin presque.
Qui plus est, avec l’ID. Buzz, on a droit à l’interprétation moderne d’un produit iconique qui est venu bouleverser les habitudes dans l’univers automobile à son arrivée en 1950. Le Type 2 a en effet changé la façon dont les gens abordaient le transport de marchandises en Europe, puis la vie de monsieur et de madame tout le monde aux États-Unis, dans la deuxième moitié des années 60, alors que l’époque hippie faisait rage et que le bus de Volkswagen était devenu plus qu’un simple moyen de locomotion. C’était en fait un symbole de la contre-culture
Et c’est pourquoi Volkswagen nous a donné rendez-vous à San Francisco, là où les vieux Microbus proliféraient à la fin des années 60, pour nous présenter l’ID. Buzz. Nul doute que la compagnie souhaite voir ce dernier avoir le même genre d’impact qu’à l’époque.
Est-ce possible ? À court terme, peut-être, mais à long terme, rien n’est moins sûr. Voyons pourquoi.
Le style
Généralement, on ne s’étend pas trop sur le style d’un produit, car les goûts sont subjectifs. Il faut faire exception ici.
Pourquoi ? D’abord parce qu’on a reproduit, à la sauce moderne, un modèle qui a marqué une époque, et que l’exercice est très réussi. Nul besoin d’expliquer la provenance de ce véhicule; ça crie Volkswagen. Oui, la signature est forte. Et les références aux passés sont nombreuses, que ce soit l’approche bicolore, les prises d’air (fausses) sur le pilier D, ou encore ce museau où l’on retrouve la forme d’un V.
Et l’ensemble détonne. D’ailleurs, les réactions des gens au passage du modèle sont éloquentes. Ils se retournent, lèvent le pouce, cela lorsqu’ils ne viennent pas nous accoster pour s’enquérir de cette bibitte rare.
La compagnie va surfer là-dessus pendant un certain temps, c’est clair. Par la suite, elle se fera rattraper par une réalité qui est moins drôle, soit la facture exigée. J’y reviens plus loin.
L’intérieur : l’avantage de la fourgonnette
On le dit souvent, il n’y a rien de plus pratique pour une famille qu’une fourgonnette. L’ID. Buzz vient ajouter du poids à cet argument avec une conception intérieur qui va faire le bonheur des familles et de ceux à la recherche de beaucoup d’espace.
Ce qu’il faut savoir, c’est que les sièges de la deuxième rangée sont fixes. Ils coulissent sur 20 mm, puis s’inclinent vers l’avant pour faciliter l’accès à la troisième rangée. Cette dernière peut voir ses sièges être retirés, une opération relativement facile, mais qui requiert un minimum de muscles alors que chacun pèse une cinquantaine de livres.
Maintenant, en couchant la deuxième rangée, on peut obtenir un plancher de chargement plat avec un plateau qu’on installe à l’arrière. En retirant ce dernier, on maximise le volume qui peut atteindre 4120 litres.
Et les rangements sont nombreux. Que ce soit ces bacs qui se glissent sous le plateau amovible derrière la troisième rangée, les espaces dans les portières, des ouvertures au tableau de bord, ainsi que cette console centrale à l’avant, qui peut être facilement retirée pour être installée entre les sièges de type capitaine à la deuxième rangée.
Il y a un hic, cependant. Volkswagen va commercialiser une variante de l’ID. Buzz au Canada pour 2025, soit la First Edition. Elle sera livrable en configuration à propulsion, ou avec le rouage intégral. Le problème, c’est que la première profite d’un aménagement à sept places (avec banquette à la deuxième rangée), alors que le modèle à rouage intégral, qui sera le préféré de 90 % des acheteurs selon la compagnie, ne propose que six places. On repassera pour la flexibilité. Souhaitons une rectification rapide de cette réalité chez Volkswagen.
Les couleurs
Il est rare que l’on consacre une section aux couleurs d’un véhicule, mais on n’a pas le choix ici. Les consommateurs d’ici auront droit à cinq combinaisons bicolores mettant toutes en lumière un toit blanc. Les teintes proposées sont l’orangé, le jaune, le vert, le bleu et le gris. Pour ceux qui préfèrent l’uniformité, l’ID.Buzz pourra être livré tout de bleu, de noir et de gris.
Non, pas de blanc. « Il aurait trop ressemblé à un frigo », nous a mentionné quelqu’un chez Volkswagen. Pas faux.
À vous de voir. Pour revivre l’époque où les combinaisons spectaculaires étaient légion avec le modèle de première génération (1950-1967), et pour un effet certain, les deux tons sont de mise. Coût : 1500 $.
Prix et équipement
Voilà qui nous amène à parler des prix, ce qui risque d’avoir l’effet d’une douche froide sur votre niveau d’enthousiasme.
Pour cette première année sur le marché, nous aurons droit à deux variantes ; une propulsée, l’autre à rouage intégral. Prix respectifs : 77 495 $ et 83 995 $. Outre la peinture bicolore, un toit panoramique est la seule autre option, à 2000 $. Il faut ajouter 2500 $ pour les frais de transports et de préparation. Faites le calcul, et vous réalisez comme nous qu’il n’y a pas d’aubaines ici. Le modèle qui profite du rouage 4Motion va vous coûter plus de 100 000 $ une fois les taxes appliquées.
Volkswagen peut bien exiger ce qu’elle veut pour son modèle, mais ce n’est pas avec une offre du genre qu’elle peut espérer une grande diffusion. Le chiffre de 3000 unités a été avancé pour la première année. C’est possible en raison de l’effet nouveauté, et parce que les acheteurs plus fortunés se manifesteront rapidement. Par la suite, il sera difficile à écouler à ce prix. On nous promet des variantes moins garnies, et moins dispendieuses, à l’avenir; ce sera à voir. Aux États-Unis, deux solutions d’entrée de gamme sont déjà au menu, les Pro S (propulsion) et Pro S Plus (propulsion et rouage intégral).
Heureusement, la dotation est riche. Le contraire aurait été un sacrilège. Conséquemment, lorsqu’on jette un coup d’œil à la fiche signalétique du modèle, on retrouve des fonctions chauffantes avec les sièges avant, le volant et les rétroviseurs, l’affichage tête-haute, des sièges ventilés et une fonction de massage à l’avant, des places chauffantes à la deuxième rangée, un système de climatisation à trois zones, un éclairage d’ambiance comptant 30 couleurs, une chaîne audio Harman/Kardon offrant 14 haut-parleurs, ainsi que la recharge sans fil pour téléphones intelligents, huit ports USB-C, un attelage de remorquage rétractable, de même qu’une pompe à chaleur (pour le préchauffage l’hiver), une exclusivité canadienne.
L’artillerie
Maintenant, voyons ce qui permet à l’ID. Buzz de se déplacer. Construit sur la plateforme MEB de Volkswagen, la même qui reçoit les VUS ID.4 et Q4 e-tron chez Audi, le Microbus électrique profite d’une batterie de 91 kWh (86 kWh utilisables). Bien logée dans le plancher, elle contribue à garder le centre de gravité bas, une bénédiction avec ce modèle qui fait osciller la balance à quelque 6000 livres.
Avec le modèle à propulsion, le moteur à arrière propose une puissance de 282 chevaux. C’est de 335 avec la version à rouage intégral, et ce, grâce à la présence d’un deuxième moteur à l’avant. Le couple, lui, est à 413 livres-pieds.
En ce qui a trait à l’autonomie, on a droit à une autre déception, il ne faut pas avoir peur des mots. Volkswagen fait état de 377 kilomètres pour la configuration à propulsion, 372 avec le rouage intégral. Ce sera moins l’hiver. Pour un produit de ce prix, le seuil de la respectabilité devrait être à 500-550 km. Volkswagen parle d’un temps de 26 minutes pour faire passer le niveau d’énergie de 10 % à 80 %, sur une borne de recharge rapide où la puissance maximale est à 200 kW.
Notez que la capacité de remorquage est à 3500 livres ou 2600 livres, selon que vous optiez pour un modèle à quatre ou à deux roues motrices, dans l’ordre.
Au volant du ID.Buzz
Et qu’en est-il de la conduite ? Sans être complètement différente, elle est particulière. Amusante, certes, avec cette position perchée d’environ 15 cm par rapport à ce qu’on retrouve avec un VUS de taille intermédiaire. La visibilité est excellente, fruit d’une fenestration abondante qui caractérise le produit.
Les prestations sont tout à fait correctes avec la version à quatre roues motrices. Les accélérations franches, les reprises vigoureuses et convaincantes. Le freinage est aussi efficace. Bref, il n’y a rien à redire.
L’insonorisation est aussi notable, quoique les bruits de vents sont inévitables avec la forme du véhicule.
La douceur de roulement est également fort appréciable… lorsque le bitume est bien nivelé. Autrement, ça sautille beaucoup à la rencontre d’imperfections.
Du poste de pilotage, on se sent bien en contrôle. On a souvent l’impression de conduire un modèle plus petit. Devant nos yeux se trouve un écran de 5,3 pouces pour les informations de conduite, alors que la surface du système multimédia fait 12,5 pouces, et cache une interface plus intuitive que complexe.
Conclusion
Alors, quelle conclusion tirer de ce véhicule unique ? Je dois vous avouer que ce n’est pas facile, car on nage en terrain inconnu. Trop de questions demeurent sans réponse. D’où viendront les acheteurs ? Voilà la première à se poser. Volkswagen prétend qu’ils viendront de partout, et elle n’a probablement pas tort.
Le produit est unique et il propose un style craquant. Ce serait suffisant pour assurer son succès, si ce n’était de ce prix qui chatouille la stratosphère. L’autonomie déçoit, aussi, mais ça demeure une question de besoin et ça varie selon l’acheteur.
Est-ce que des entreprises voudront utiliser ce véhicule comme navette pour le transport ? Tous ceux nostalgiques, jeunes et moins jeunes, de la période des années 60 et 70 se laisseront-ils convaincre ?
Ce qui est clair, c’est que l’ID.Buzz a tout pour séduire… ceux qui ont les moyens de leurs ambitions. Les autres vont se contenter de l’admirer de loin.