Résumé
Le monde automobile est capable de nous surprendre, avec le meilleur et le pire.

Ann Arbor, Michigan – Le marché automobile nous réserve toutes sortes de surprises, mais parfois, on voit venir les choses. C’est le cas de l’histoire du moteur V8 Hemi et du Ram 1500.

Il y a 18 mois, on assistait à son retrait du marché, dans le cadre de la refonte de la camionnette pour l’année 2025. On était prêt à passer à autre chose au sein de la division, avec un moteur de remplacement (le 6-cylindres en ligne turbo de 3,0-litres Hurricane) plus puissant, plus frugal et moins polluant.

La question qu’on se posait alors était de savoir quelle allait être la réaction des consommateurs. Sans surprise, elle a été négative. Les amateurs de camionnettes aiment pouvoir compter sur un V8 sous le capot, et ils ont été 40 % à le signaler à leur concessionnaire. Oui, quatre propriétaires actuels de Ram 1500 à moteur V8 sur dix ont indiqué qu’ils n’achèteraient pas une nouvelle version si elle n’était pas équipée du Hemi.

La compagnie n’avait pas trop le choix de réagir. Bien sûr, la décision de revenir en arrière a été facilitée par le départ de Carlos Tavares de la tête de Stellantis le 1er décembre 2024. Il était derrière la décision de retirer le V8, mais aussi d’autres gestes qui n’ont pas été populaires au sein des marques américaines du groupe. L’arrivée de son remplaçant, Antonio Filosa, en mai dernier, est venue faciliter les choses.

Mais sachez qu’on a commencé à travailler en coulisses en décembre dernier pour planifier le retour de ce moteur. Et la cerise sur le gâteau, c’est que l’actuel gouvernement américain est plus permissif avec la réglementation entourant ce genre de mécanique.

Ram n’aurait pu espérer un meilleur scénario pour pouvoir ramener son moteur au catalogue. Les décideurs refusent bien sûr de commenter la chose lorsqu’on soulève la question. On le comprend, le dossier est aussi politique.

Une opération complexe

En temps normal, ramener un moteur au catalogue d’un modèle une année seulement après l’avoir retiré devrait être un jeu d’enfants. Ça n’a pas été le cas ici. Il faut savoir que lors des retouches de mi-parcours apportées au modèle en 2025, ce dernier héritait d’une nouvelle architecture électrique ayant pour but de lui permettre d’offrir plus de capacités.

Le vieux V8 Hemi de 5,7 litres a dû être adapté à cette dernière. Ram considère le délai de 10 mois pour passer de la planification à l’arrivée du produit fini comme un exploit.

Il est clair qu’il fallait agir vite. Une question de profits pour tout le monde.

Le bloc ne change pas, donc. Sa puissance est la même à 395 chevaux et 410 livres-pieds de couple, et il bosse toujours avec une transmission automatique à huit rapports en appui. Il profite du système hybride léger eTorque qui fournit 130 livres-pieds de couple lorsque la situation l’exige, une puissance qui ne s’ajoute pas au couple maximal, c’est à souligner.

Les acheteurs auront toutefois droit à quelque chose de plus en 2026 avec cette mécanique, soit l’échappement sport. Autrefois optionnel, il sera livré de série. On a compris chez Ram, en écoutant la clientèle, que la sonorité du V8 était parmi les facteurs déterminants pour expliquer le choix de ce moteur.

Que le V8 Hemi de 5,7 litres soit un peu moins puissant que le moteur Hurricane, on s’en balance; le fait que la musique qu’il émet éveille davantage les sens, voilà ce qui compte aux yeux de plusieurs consommateurs.

Cela dit, la capacité de remorquage est un peu supérieure avec le V8, mais c’est moins de 1 000 livres par rapport au moteur Hurricane, selon la version et la configuration de carrosserie.

Enfin, esthétiquement, vous n’aurez pas de difficultés à reconnaître les Ram 1500 2026 équipés du V8. Leur flanc avant va porter un logo unique nommé Symbol of Protest (le symbole de la protestation). Ce dernier montre le bélier de la marque flanqué d’un bloc-moteur. La protestation, c’est un peu celle de la clientèle à qui l’on redonne accès au V8.

Avec quelles versions ?

Une autre chose va réjouir les amateurs. Le V8 Hemi sera livrable en option avec neuf versions du modèle, rien de moins. On parle des déclinaisons Tradesman, Express, Warlock, Big Horn, Laramie, Sport, Rebel, Limited et Longhorn. Les propositions RHO et Tungsten ne peuvent recevoir que le 6-cylindres Hurricane en configuration haute performance (HO pour High Output).

Les modèles Tradesman, Express, Warlock et Big Horn héritent de série du V6 Pentastar de 3,6 litres, alors que les variantes Laramie et Rebel sont livrées d’office avec le 6-cylindres Hurricane à configuration régulière. Les modèles Limited et Longhorn reçoivent la version HO.

Rien n’est jamais simple avec la configuration d’une camionnette, mais ça vous donne une idée des options. Lorsque le modèle sera sur le point d’arriver en concession, soit au début de 2026 en ce qui concerne les versions à moteur V8, la meilleure chose sera de consulter le site canadien de Ram, surtout que certaines spécificités sont propres à notre marché, comme la présence de la version Sport.

La conduite

En prenant le volant de ce Ram 1500 à moteur V8, on retrouve une vieille connaissance. Le retour de cette mécanique ne change rien au comportement du modèle, en vérité. L’exercice est fait pour satisfaire une clientèle qui ne veut pas s’en départir.

Les profits sont énormes avec les camionnettes, qui se vendent toujours comme des petits pains chauds. Ram n’avait pas d’autres choix. Elle aurait pu persister et signer avec sa décision d’abandonner le V8, mais on a décidé que cette décision coûterait trop cher en bout de piste.

Ce qui plaît aux commandes, c’est bien sûr la sonorité de la mécanique, mais faites gaffe; chaque note s’accompagne d’une hausse de la facture en carburant. Comiquement, ou tristement, ça ne dérange probablement pas l’acheteur, surtout américain.

Pour la capacité de remorquage et la charge utile, Ram avait initialement annoncé 11 470 livres et 1 750 livres, respectivement. La compagnie a revu ces données à la baisse à 11 320 livres et 1 650 livres. Ça pourrait expliquer les différences de données que vous pourriez trouver en ligne.

Conclusion

Le retour du V8 est étonnant en ce sens qu’après avoir annoncé qu’on passait à autre chose, il est surprenant de voir cette volte-face. En revanche, considérant la réaction attendue des acheteurs, le changement à la tête de l’entreprise, sans oublier l’arrivée d’une administration en faveur du forage pétrolier à la Maison-Blanche, le retour du V8 Hemi n’a rien d’étonnant.

Oui, le monde automobile est capable de nous surprendre, avec le meilleur et le pire. Et l’on comprend que selon l’opinion de chacun vis-à-vis de tout cela, le meilleur et le pire n’ont peut-être pas la même signification.

Ce qui sera à surveiller, c’est la longévité de ce nouveau tour de piste pour le moteur V8 Hemi.

Les paris sont ouverts.

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Historien de formation, Daniel Rufiange a enseigné cette matière pendant 16 au secondaire avant de se tourner vers la chronique automobile, un métier qui lui permet de combiner ce champ de connaissance avec deux autres passions : l’écriture et l’automobile.