Opinion : et si le prolongateur d'autonomie était la solution?

25 nov. 2025
Résumé
Les constructeurs pourraient ramener l'intérêt vers les véhicules électriques avec cette alternative tampon.

Il n’y a pas si longtemps, l’avenir de l’automobile semblait se diriger tout droit vers un avenir entièrement électrique. Mais, la conjoncture a rapidement changé la donne, ramenant non seulement les technologies hybrides dans le collimateur public, mais même les véhicules munis de motorisations thermiques plus classiques. Au sud de la frontière, on assiste même au retour du moteur V8 chez certaines marques.

Les ventes de VÉ ont chuté, notamment avec le retrait des incitatifs financiers, mais d’autres facteurs expliquent l’adoption grandement ralentie de l’automobile alimentée aux électrons. L’anxiété reliée à l’autonomie, la fiabilité des modèles électriques et le réseau encore trop peu répandu sont d’autres hypothèses plausibles.

On assiste donc depuis quelques mois à la recrudescence de nouveaux modèles électriques désormais commercialisés avec des prolongateurs d’autonomie. Les constructeurs intègrent des petits moteurs thermiques à bord des modèles électriques, la fonction de ces blocs essence étant strictement pour recharger la batterie lorsque celle-ci est épuisée. Le véhicule conserve ainsi sa propulsion électrique et ne fait appel qu’au prolongateur que lorsque la situation l’oblige.

Le site Bloomberg a d’ailleurs appris que BMW jonglait avec l’idée de ramener la technologie à bord de certains de ses futurs modèles à venir. Rappelons que la BMW i3 a déjà été vendue chez nous avec cette alternative pour mouvoir la citadine électrique. Cette fois, le constructeur allemand aurait plutôt l’intention d’ajouter cette option à bord de modèles beaucoup plus imposants comme la Série 7 ou l’utilitaire X5.

Et la firme bavaroise est loin d’être la seule à s’intéresser à cette option « plus électrique que thermique ». En effet, le pickup Ram 1500 devrait recevoir une option à prolongateur d’autonomie d’ici la fin de 2026, tandis que le Jeep Grand Wagoneer redessiné devrait avoir droit à la même quincaillerie. Les deux grands véhicules seront mus par l’électricité, mais prolongés par un moteur V6 Pentastar agissant à titre de générateur d’énergie seulement.

La nouvelle marque Scout chapeautée par Volkswagen aux États-Unis a aussi l’intention de proposer sa nouvelle gamme de véhicules avec un prolongateur d’autonomie. Même Mazda a vendu un MX-30 e-SkyActiv R-EV au Japon afin de corriger l’une de ses plus grandes lacunes : l’autonomie.

Le phénomène s’étend aussi au marché chinois d’ailleurs. En fait, l’offensive est même plus importante sur le marché le plus pesant du globe. Des divisions comme Yangwang, BYD, Lynk & Co, Geely et plusieurs autres s’intéressent à cette énième option pour mouvoir l’automobile de demain.

Quand un véhicule imposant comme le Yangwang U8 est capable de rouler sur une distance estimée à plus de 1 000 km, on comprend que c’est très alléchant pour les consommateurs qui roulent beaucoup. Pas besoin de planifier une recharge, de stresser devant une borne hors service ou de modifier ses habitudes de déplacement. Avec une telle distance possible, il est plus simple de revenir à la maison et de recharger les batteries avec la borne résidentielle.

La technologie a aussi un avantage non négligeable face aux purs électriques qui doivent obligatoirement transporter des batteries géantes pour viser des distances de plus de 600 km dans certains cas. Avec un prolongateur à bord, la distance s’allonge et la taille de la batterie diminue. Et comme l’industrie n’a pas encore abandonné son rêve 100 % électrique, il est fort possible que ces véhicules équipés de prolongateurs d’autonomie soient déjà compatibles à un réseau qui aura pris du gallon au fil du temps.

Les prochains mois seront cruciaux pour que la technologie continue de progresser. Si les premiers modèles commercialisés à plus grande échelle un peu partout sur le globe connaissent un minimum de succès, il est clair que d’autres modèles seront éventuellement ajoutés à la stratégie globale ou régionale d’une majorité de constructeurs.

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Ayant étudié en journalisme à l’Université de Montréal, Vincent Aubé a décidé de joindre l’utile à l’agréable en consacrant sa carrière à couvrir tout ce qui a quatre roues et un volant.